Sur la route - Harry Martinson
"Ainsi, il n’y a pas de liberté sur les routes, seulement la perpétuelle adaptation à la peur, la sienne et celle des autres. La pression des hommes est trop forte, cette pression lourde et diffuse qui s’exerce sur les sens. La joie de la route ne se manifeste que par bribes ; quelques mètres de chemin doré, douze pas ou une portée de pierre à la fois et puis terminé.
Mais la joie de vivre existait, elle. Souvent, elle montait du sol. Car le soleil n’est pas l’oeil de la conscience et la lune non plus.
Parfois Bolle avait le sentiment qu’il avait pris la route uniquement pour cela, pour que la joie d’exister lui vienne directement du soleil et de la lune. (...) Et pourtant, il continuait à marcher, sans autre liberté que le désir instinctif de se mouvoir sous le soleil, ce besoin que les hommes ont mis en pénitence. Cet instinct devait être plus précieux qu’il ne le comprendrait jamais. Car on ne pourrait jamais expliquer vraiment ce qu’est la liberté."
H. Martinson, La société des vagabonds, Agones, 2004, pp. 44-45.
Du même, lire aussi sur la forêt et la vraisemblance.