Vastitude
Nul ne s’étonne le plus souvent de respirer et rares sont les instants où l’on s’en émerveille. Où notre souffle est habité. Où nous goûtons Inspir et Expir avec conscience et surtout volupté. C’est dire si nous oublions ce qui se joue en ce mouvant échange.
L’oubli, semble-t-il, sur cette jolie planète est ontologique.
Nous oublions pour mieux nous souvenir. Pour pouvoir goûter à quel point le fait d’Être est délicieux. À quel point nous sommes Puissants, Amoureux, Généreux et Libres.
La merveille, c’est que la même proposition se tient derrière notre omission du souffle.
Une proposition d’une disponibilité sans faille. Permanente et intime.
Bien-sûr, à l’inspir, la vastitude a tout de l’évidence : je sens l’univers en moi se déverser, investir ma poitrine et faire se déployer les deux arbres au jardin qui jouxte mon coeur.
Mais quand à l’expir l’univers se contracte, pourvu que je sois attentif, il peut m’être donné d’entrevoir en un point ténu de mon être sa contrepartie intérieure et d’expérimenter en même temps que mon immensité inverse, comment ma respiration, en écho à celle du monde, devient un met infiniment savoureux.
Spéciale dédicace à Lor Ellaime...