Une fée dans le bureau de vote
« Quel est ton vœu ? » vient-elle de demander et toi de la regarder un peu éberlué.
« Qu’en as tu fait alors ? » insiste-t-elle.
Mais l’endroit ne se prête pas à ce genre d’échange penses-tu et encore moins avec elle. À tort bien-sûr car il n’est pas un lieu qui ne gagnerait à la voir débarquer. Sauf que la fée t’y a depuis très longtemps devancée.
Le vote vient en effet du latin votum et la mémoire en cet endroit vient de te revenir : « Bien-sûr ! t’exclames tu en te frappant le front, votum ça veut dire vœu ! » et il ne manquerait pas grand-chose pour que tu partes d’un grand rire.
Car oui, qu’avons-nous fait de ce vœu d’origine au milieu de tout ce fatras de suffrage, de scrutins, d’isoloirs, d’urnes et de candidats - et tu noteras au passage comme ce vocabulaire est tristement chargé : qu’avons-nous fait de nos voix ?
« Tu ne donnes pas ta voix dans ce bureau de vote tous les cinq ou six ans pas plus qu’à n’importe quel moment ponctuel, finit-elle par lâcher : tu donnes ta voix tous les jours et à tous les instants. Tu votes en faisant ton marché, en choisissant une école, en commandant sur la toile un CD. Pour tout dire, tu donnes ta voix et votes jusque dans tes pensées. »
À nous donc à tout instant de nous en souvenir.
« Alors… quel est ton vœu ? » dit la fée.