Energique non-violence

De Eva Wissenz, 25. mai 2012

 

Pendant des années et encore si souvent aujourd’hui, en dépit des exemples de Gandhi, de Martin Luther King ou de Lanza del Vasto, la non-violence est (re)présentée comme une lubie molle, une résignation tiède, une acceptation impossible. Il n’en n’est rien. Et ce livre dense examine chaque situation, chaque option où la violence nous est présentée comme "inévitable".

"Chacun prétend défendre sa cause. Mais tuer un homme, ce n’est pas défendre une cause, c’est tuer un homme. Et pervertir toute cause." (p. 15)

Dit ainsi, c’est beau et cela ne pourrait être que beau mais allons plus loin avec l’auteur, allons à l’une des racines de la violence et l’un de ses phénomènes les plus contemporains : le terrorisme.

"Ce que nous devons défendre aujourd’hui, ce n’est plus le territoire de la géographie mais le territoire de la démocratie. Les menaces qui pèsent sur l’ordre démocratique sont essentiellement engendrées par des idéologies fondées sur la discrimination et l’exclusion. Qu’il s’agisse du nationalisme, du racisme, de la xénophobie, de l’intégrisme religieux ou de libéralisme économique exclusivement fondé sur la recherche du profit, ce sont ces idéologies qui menacent la démocratie. Sur des plans différents, chacune instrumentalise l’homme et fait de lui un objet. Il n’est plus respecté comme un sujet. Dès lors, promouvoir et défendre la démocratie - ces deux démarches se renforcent l’une l’autre et doivent être entreprises ensemble -, c’est d’abord lutter contre ces idéologies dont les germes prolifèrent aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la société. Ces idéologies, en effet, ne connaissent pas de frontières. Les idéologies anti-démocratiques sont toutes liées à l’idéologie de la violence. Elles n’hésitent jamais à proclamer que la violence est nécessaire et légitime dès lors qu’elle est mise à leur service." (p. 54-55)

Imaginons un instant la chose : une bombe explose quelque part tuant aveuglément des innocents. L’acte est revendiqué d’un terrorisme lointain.
Imaginons la réaction politique : "Mes chers compatriotes, notre douleur est immense. Que dire ? Que faire face à cette barbarie ? Nous avons par le passé déjà répondu à la violence par la violence, en vain, cet acte aujourd’hui en est la preuve. Nous devons donc décider ensemble une autre stratégie. Comment notre pays a-t-il pu susciter tant de haine ? Comment en sommes-nous arrivés là et quelle est notre part dans cet acte ? Notre part politique. Pouvons-nous fermement vouloir déraciner la violence du coeur des hommes ? Pouvons-nous vouloir construire ensemble plus de justice sociale ?..." suivis de propositions concrètes locales et internationales et de mesures fortes. Qu’en pensez-vous ?

Il faudra lire et relire ce livre rigoureux et lucide qui montre à quel point la violence est un choix. C’est un outil formidable autant que précieux pour ce nouveau monde à continuer de construire.

Reste que oui, bien sûr, le défi est immense et pour arriver à approcher sa propre zone intérieure de non-violence, il faut se former, apprendre ce que nous n’avons pas appris à l’école. Il y a tout à faire et pour chaque personne qui fait l’effort d’aller vers la non-violence, non de manière intellectuelle mais par la pratique, c’est une graine de plus qui est semée vers une paix possible entre les hommes.

Dans le dernier numéro de l’excellente revue Silence, on trouvera justement de très nombreuses pistes.

Lecture utile : la revue Alternatives Non-Violentes qui aborde chaque trimestre un sujet sous l’angle de la non-violence.

Et pour apaiser nos relations, voyez aussi du côté des stages de CNV - souvent très abordables et proposés par des formateurs impeccables.

Alors...
La non-violence ? Pfff, c’est pas nouveau !...
Et si, c’est nouveau !

Une pétition fondamentale à signer et à relayer pour le désarmement nucléaire.

Site : http://francesansarmesnucleaires.fr/

"Hiroshima rime désormais avec Fukushima. Chacun de ces deux noms évoque une tragédie infinie qui marque la défaite de la civilisation industrielle. Le risque nucléaire n’est pas seulement militaire, il est aussi civil." in Entrer dans l’âge de la non-violence, p. 63.