Le "non" de Déméter

De Eva Wissenz, 23. décembre 2013

 

Dans la mythologie grecque, Déméter est une déesse associée à la fertilité, l’agriculture, l’abondance. Elle est terre et mère. Elle reste avec nous, elle ne fait pas partie de l’Olympe. Comme une mère avec ses petits, elle veille. Mais quand Hadès, le roi des Enfers, lui enlève sa fille chérie Perséphone, l’amour s’en va et la rage fait place.

"Nous avons besoin de la rage de la mère de Koré [autre nom de sa fille], la rage qui ne se soumettra pas, la rage qui surgit du désespoir, la rage qui apporte des résultats. Déméter qui a appelé la première action de grève avec obstruction pacifique de l’histoire, qui a inventé la résistance passive, qui a dit : ’Rien ne poussera avant que ma fille ne soit revenue’, et dont les exigences doivent être satisfaites ; Déméter, qui refuse à jamais d’ignorer l’horreur de sa perte et de continuer le travail comme d’habitude ; Déméter — notre propre pouvoir de souffrir, mais de transformer cette souffrance en une force qui oblige au changement, qui apporte le renouveau."

Il s’agit d’une rage nourricière qui exige la restitution de la vie. Pas une rage douloureusement destructrice, amère et revancharde. C’est non qui dit Oui à la Vie avec détermination. La rage n’est qu’un déclencheur, l’un des plus puissants. Pour la ressentir, il faut bien évidemment se sentir proche, relié, à ce qui est pris. Ce qui nous est pris, à nous les humains — les artificiellement choyés comme les autres, l’énorme masse des autres — à quelque chose à voir avec la liberté.

La citation est de Starhawk, p. 129, Femmes, magie et politique.