Les pays de l’or noir

De Eva Wissenz, 10. novembre 2012

 

"Le Nigeria, avec plus de 179 millions d’habitants représentant 250 ethnies, est le pays le plus peuplé d’Afrique. Bien qu’il soit le 1er pays producteur de pétrole du continent et le 8e au monde, avec une production de plus de 2 millions de barils par jour depuis 1997, plus de 70% de ses habitants vivent sous le seuil de pauvreté. Selon la Banque mondiale, la richesse qui provient du pétrole est aux mains de 1% de la population.

Le Nigeria est traversé par le fleuve Niger, 3e fleuve africain après le Nil et le Congo. Long de 4 184 km, il prend sa source en Guinée Conakry, puis traverse le Mali, le Niger, le Bénin et enfin le Nigeria. Sa boucle curieuse traverses des forêts, des savanes et des déserts, par Tombouctou et Gao. En arrivant à la baie de Bonny, anciennement appelée baie du Biafra, il forme le second plus grand delta du monde, et constitue l’un des écosystèmes les plus riches et les importants d’Afrique de l’Ouest.

La région du delta du Niger est aussi une des zones les plus densément peuplées de la planète. Elle s’étend sur 70 000 km2 (la superficie totale du Nigeria est de 924 000km2), répartis sur neuf Etats et compte 30 millions de personnes, organisées en 5 ou 6000 communautés, 185 gouvernements locaux et 40 ethnies, qui parlent 250 dialectes. L’espérance de vie y est de 40 ans, contre 48 ans pour la moyenne nationale. Le Delta fournit 75% du pétrole nigérian et 50% des revenus de l’Etat mais ne reçoit que 13% des dépenses nationales. Un part qui, en raison de la forte corruption politique, peut fréquemment ne pas arriver à destination.

Les installations de Shell, premier producteur de pétrole, s’étendent sur 31 000 km2, soit près de la moitié de la superficie du Delta. Elles sont reliées par un réseau de 6000 km d’oléoducs, qui détruisent des champs, traversent des villages et provoquent régulièrement des explosions mortelles. Ces installations provoquent aussi des déversements nocifs pour les écosystèmes, les cultures et la santé, sans parler du phénomène de "gas flaring", le torchage des gaz en zone habitée."

"Le sud du Nigeria est l’un des territoires où l’humanité devrait être en train d’expérimenter des solutions pour l’avenir. Mais il semble bien que ce soit l’inverse."

In L’or noir du Nigeria, Xavier Montanyà, p. 22-23 et 28.

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